Le nouveau SL signe le retour à la capote en toile et, grâce la complicité d'AMG, à une belle sportivité. Par la magie de la technologie, ce roadster s'affranchit en effet de son poids élevé pour délivrer un sacré plaisir de conduire.
S'installer dans un roadster exige souvent de la souplesse. Mais pas dans le nouveau SL, qui affiche un format XXL, 4,71 m de long (+ 9 cm) pour 1,92 m de large (+ 4 cm). On y prend ses aises en deux temps, trois mouvements, et si le pare-brise très incliné est un peu encombrant à mon goût pour se sentir complètement “dehors”, en compensation, un immense capot aux deux bossages s'étale sous vos yeux, rappelant la 300 SL de 1954.
Pour peu qu'un rayon de soleil fasse son apparition, décapoter ne prend que quinze secondes… enfin, dès qu'on a repéré comment faire. A basculer dans l'univers tactile propre aux dernières Mercedes, le SL fait l'impasse sur une commande “physique” pour ranger le toit et il faut en passer par l'écran central. Une pression plus tard sur la dalle de 11,9 pouces - inclinable de 12 à 32° s'il vous plait, même si l'intérêt est limité - et la toile qui remplace le toit rigide de la précédente génération s'efface. Vitres et filet antiremous relevés (condamnant au passage les deux strapontins du fond), chauffa*ge classique et de nuque activés, je m'élance au volant de cette variante 63 4Matic+. La seule importée en France pour le moment, Mercedes faisant l'impasse sur la “petite” 55 4Matic+ (476 ch).
Le SL ne se refuse aucune technologie
A s'embourgeoiser au fil des générations, le SL s'éloigne du concept d'origine Sport und Leicht - Sportif et Léger en français. Avec un poids annoncé à 1 970 kg, la légèreté s'en est allé. En revanche, la sportivité fait son retour avec l'aide d'AMG. Annoncé moins sportif que le coupé AMG GT qui arrive en fin de carrière, ce SL 63 se montre pourtant d'emblée plus convaincant à la conduite. A l'image d'une Bentley Continental GT Convertible, l'allemande fait oublier son poids en cumulant les technologies. Ainsi, pour la première fois, le roadster à l'étoile s'offre quatre roues motrices et directrices, conjuguées à un différentiel arrière piloté et une suspension 100% active, baptisée AMG Active Ride Control. Pour faire simple, ce système hydraulique sans barre antiroulis compense les mouvements transversaux en modifiant, en quelques fractions de secondes, les pressions dans les amortisseurs adaptatifs interconnectés.
Plus convaincant qu'une AMG GT
Le résultat de cette débauche de moyens, nous l'avons découvert en Californie, dans une zone montagneuse peu fréquentée. Autant le SL est à l'aise à “cruiser” à faible vitesse le long de la côte du Pacifique, autant il impressionne par ses qualités routières quand on sollicite les 585 ch du 4 l V8 biturbo. Sur ces petites routes qui rappelleraient la Corse si elles n'étaient pas marquées des deux lignes jaunes locales, l'allemand impressionne par son amortissem*nt rigoureux - l'AMG GT peut en prendre de la graine - et son adhérence élevée, procurée par ses énormes Michelin Pilot Sport 4S (275 mm devant, 305 mm derrière avec la monte optionnelle en 21 pouces). L'agilité est digne d'une GTI et il n'y a que dans les pires épingles que ce roadster de 2 tonnes commence à souffrir. Même les freins surprennent par leur endurance.
En série, le SL dispose de disques en composites de 390 mm, mais notre variante est équipée d'une surmonte, cette fois en céramique composite et encore plus grand (402 mm), qu'une descente de col n'effraie pas. Pas sûr que la Mercedes soit aussi impériale sur route mouillée. En attendant, sa masse se ressent d'autant moins que les 800 Nm de couple disponible de 2 500 à 5 000 tr/mn anime cette fusée avec virulence.
Musical et confortable
Les quelques autochtones rattrapés n'en reviennent pas, tous ayant la courtoisie de me laisser passer promptement. Bien servi par une transmission assez réactive dans les modes les plus virils (Sport + et Race), le V8 biturbo révèle, en outre, le joli brin de voix attendu dans un tel écrin. Ses borborygmes flattent les oreilles sans jamais les agresser, le SL restant fidèle à la vocation “Grand Tourisme” qu'il s'est forgé depuis 1954. Derrière son efficacité, ce roadster délivre, en effet, un étonnant confort de roulement sur les routes de réseau secondaire pas toujours bien revêtues. La bonne protection au vent et l'excellente rigidité ajoutent à la sérénité de conduite, la capote triple épaisseur assurant, de son côté, une insonorisation très convenable une fois en place. Autant dire que ce nouveau SL fait partie des voitures dont il est bien difficile de rendre la clé. Les premières livraisons sont prévues en France à partir d'avril. Son tarif n'est pas encore connu, mais il ne devrait guère être inférieur à 180 000 €... avant les nombreuses options dont profitait notre modèle d'essai.
