« A Murder at the End of the World » : un thriller high-tech sous les paysages enneigés d’Islande (2024)

DISNEY+ – MINI-SÉRIE – À LA DEMANDE

Il y a sept ans, Brit Marling et Zal Batmanglij livraient avec The OA (2016-2019) une méditation onirique mâtinée de science-fiction sur la vie après la mort, souvent comparée à un Stranger Things pour un public plus adulte. Annulée après deux saisons, The OA a laissé des fans inconsolables, que la mise à disposition de la minisérie A Murder at the End of the World, sur Disney+, devrait ravir.

Une retraite dans un hôtel luxueux. Un cadavre. Un deuxième. Des invités qui se suspectent. Un magnat de la tech qui semble tirer les ficelles. Sur le papier, la série ressemble à une murder party telle qu’Agatha Christie l’a théorisée au fil de ses romans. Et c’est peut-être parce que le polar est la forme la plus consensuelle du divertissem*nt que Brit Marling et Zal Batmanglij en ont épousé la forme, pour finalement nous raconter tout à fait autre chose.

C’est d’ailleurs le sens de la scène d’ouverture, qui montre une jeune hackeuse, Darby, faire la lecture, devant un public d’abord clairsemé puis de plus en plus nombreux, d’un chapitre du livre qu’elle vient de publier sur une série de meurtres élucidés par ses soins et avec l’aide de Bill, son amoureux de l’époque. Effrayé par la froide détermination de Darby, le jeune homme, rencontré sur un forum en ligne, a depuis disparu.

Intelligence artificielle ultrapuissante

Or Darby et Bill se retrouvent peu après cette lecture grâce à l’entremise d’Andy (Clive Owen), un milliardaire persuadé que la survie de l’humanité peut être conçue en laboratoire et implémentée. Il réunit pour ce faire, dans un hôtel aux confins de l’Islande, une poignée de gros cerveaux – cinéaste, astronaute, plasticien, ingénieure… – et leur présente des innovations de pointe. Parmi elles, une intelligence artificielle ultrapuissante baptisée Ray, que chacun peut convoquer mais qui n’obéit pas à tout le monde de la même façon (formidable outil de mise en scène, digne d’un épisode de Black Mirror). La mort suspecte d’un invité sème le trouble dans cette étrange retraite polaire, et force Darby à renouer avec son passé d’enquêtrice amateure.

Malgré un suspense rondement mené à partir du moment où les cadavres se multiplient dans l’hôtel, A Murder at the End of the World semble toujours regarder ailleurs. Le cœur battant de la série se trouve moins dans les paysages enneigés d’Islande que dans le passé de Darby et l’amour qui la lia autrefois à Bill. Emma Corrin (The Crown) et Harris Dickinson prêtent à ce couple de désaxés une folle intensité, et le récit de cet amour de jeunesse, aussi incandescent que bref, prend vite le dessus sur les autres personnages et sur ce qu’il se passe dans l’hôtel piégé sous la neige. A l’exception peut-être de la relation sororale qui se noue au fil des épisodes entre Darby et Lee (Brit Marling elle-même), ancienne codeuse de génie tombée sous l’emprise d’Andy.

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